a) [Pour exprimer une somme modique ou la plus petite unité monétaire en avoir, en espèces] Jusqu'au dernier sou; à un sou près. ♦ Loc. adv. Sou par sou, sou à sou. Par toutes petites sommes. Elle possédait quarante mille francs amassés sou à sou (Balzac,Goriot, 1835, p. 28).Quoi qu'il arrive, ne comptons jamais que sur cette espèce de courage que Dieu dispense au jour le jour, et comme sou par sou (Bernanos,Dialog. Carm., 1948, 4etabl., 1, p. 1652).
♦ Proverbe. Un sou est un sou. Il ne faut pas gaspiller l'argent, même pour de toutes petites sommes. N'essayez pas de leur insinuer (...) qu'un sou est un sou; que cinq centimes par livre de pain et par jour font dix-huit francs au bout de l'année (Coppée,Bonne souffr., 1898, p. 43).
♦ Les quatre sous (de qqn). Le peu d'argent (que possède quelqu'un). Il a mangé ses quatre sous. C'est nos pauvres quatre sous! C'est notre pauvre croûte à nous qu'il guigne? (Céline,Mort à crédit, 1936, p. 388).
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[Dans une phrase nég., pour exprimer une absence totale d'argent, de ressources] Il t'a soigné sans jamais demander un sou (Zola,Fortune Rougon, 1871, p. 145).♦ Pas un sou. Pas la moindre somme d'argent. Vieilli. N'avoir ni sou ni maille; (être) sans sou ni maille. V. maille2B.
♦ N'avoir pas un sou (vaillant, comptant) (vx). N'avoir pas d'argent du tout. Loc. verb. synon. n'avoir pas un denier, pas un écu, pas un liard (v. liard1). Comment payer le bois? Je n'ai pas un sou, mon enfant. J'ai tout donné (Balzac,Goriot, 1835, p. 287).− Marie! Marie! Je t'ai tout donné (...) je n'ai plus un sou vaillant (R. Bazin,Blé, 1907, p. 262).
♦ N'avoir pas le (premier) sou (de/pour qqc.) (fam.). N'avoir pas la moindre somme d'argent pour financer un projet. Il a su par les voisins que nous n'avions pas le premier sou de notre billet (Balzac,Chabert, 1832, p. 81).Après le phylloxéra (...). Les vignobles avaient été ruinés (...) il fallait repiquer du plant américain. Alors la plupart des vignerons avaient abandonné; ils n'avaient pas le sou pour acheter les ceps (Aragon,Beaux quart., 1936, p. 91).
♦ N'avoir pas le sou; être sans le sou. Être complètement dépourvu d'argent. Ce ne sera pas un appartement de mirliflor! mais vous excuserez de pauvres vignerons qui n'ont jamais le sou. Les impôts nous avalent tout (Balzac,E. Grandet, 1834, p. 67).
♦ Loc. adj. Sans le sou. Sans argent. J'ai épousé une fille sans le sou (Renard,Journal, 1906, p. 1086).Empl. subst. Sans le sou. Personne sans argent. Les petits, les humbles, les sans le sou de ce monde (Mirbeau,Journal femme ch., 1900, p. 43).
b) Loc. [Avec un adj. numéral cardinal tel que un, deux, quatre, pour exprimer une valeur insignifiante] − Loc. adj. D'un sou, de deux sous, de quatre sous. De très faible valeur ou de valeur nulle. De 5 à 6 h. du matin quand je fais mes petites philosophies d'un sou, dans mes éternels cahiers sans aucune considération de public, sans vergogne (Valéry,Corresp.[avec G. Fourment], 1925, p. 187).
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Être fichu comme quatre sous. Être très mal habillé. Son fameux public de quartier (...) lui pardonne, pourvu qu'elle reparaisse devant lui mal nippée, mal chaussée, fichue comme quatre sous, mais telle qu'avant la fugue (Colette,Vagab., 1910, p. 70).♦ P. anal. C'est bâti comme quatre sous. Voilà un chapeau que les moutons ne portent déjà plus, tellement on l'a posé à la hâte (Zola,Germinal, 1885, p. 1178).
− Avoir (pour) deux sous de qqc. Avoir une très petite quantité de quelque chose. Si j'avais seulement pour deux sous d'idéal...! (Feydeau,Dame Maxim's, 1914, i, 6, p. 10).
c) Loc. verb. fig., fam. [Pour exprimer une nég. complète] ♦ N'avoir pas un sou de. N'avoir pas du tout de. L'administration sévère de l'empereur Napoléon reviendrait au monde, que moi je n'ai pas un sou de friponneries à me reprocher (Stendhal,Rouge et Noir, 1830, p. 158).
♦ Ne pas valoir un sou, deux sous. Ne pas valoir grand chose. Il est le jouet d'impressions extrêmes. Tantôt le poste ne valait pas deux sous. Maintenant, c'est un pactole (Romains,Knock, 1923, I, p. 7).
♦ N'avoir pas un sou de, pas deux sous de (suivi d'un subst. abstr. désignant souvent une qualité). Être totalement dépourvu de. N'avoir pas un sou de bon sens, de malice, de talent, de jugeote. Ces reporters qui n'ont pas un sou de mémoire et qui ne descendent pas à prendre des notes! (Goncourt,Journal, 1895, p. 747).
♦ Je ne donnerais pas un sou de, pas deux sous de ses chances, de sa vie. Son succès, sa vie sont bien compromis. Le commissaire, à part: C'est la crise! Je suis dans de beaux draps! Les deux hommes se regardent dans les yeux. Le commissaire ne donnerait pas deux sous de sa peau (Courteline,Client sér., Commissaire bon enfant, 1900, V, p. 184).
♦ [Avec un adj.] Pas pour deux sous, pour un sou. Pas du tout. La petite est gentille, pas poseuse pour un sou (Arland,Ordre, 1929, p. 103).